Sonntag, 17. Februar 2008

Monade, Paris, 15.02.08



Concert: Monade
Lieu: Le Divan Du Monde, Paris
Date: 15.02.2008
Spectateurs: assez peu malheureusement


L'hiver est revenu à Paris et il fait de nouveau froid. heureusement je dispose encore d'un bon cadeau pour un massage "Hot Stones", que la Dame de mon coeur m'a offert pour Noel. Des pierres volcaniques brûlantes sont appliquées sur le corps, le tout suivi d'un merveilleux massage!

Est-ce que le concert de ce soir me mettrait dans le même état de confort et de bien-être? Laetitia Sadier, la chanteuse du groupe culte Stereolab, était avec son autre projet, Monade, sur la scène de l'intime Divan du Monde. Et il est bien connu qu'elle possède une merveilleuse voix à vous transporter d'extase!
C'est probablement une autre sorte d'extase que cherchent certains touristes débarquant à Pigalle pour envahir l'un ou l'autre de ces bouis-bouis glauques qui se succèdent entre la station de métro et le Divan. Je me demande toujours qui peut avoir envie d'aller dans ces endroits sordides avec leur affiches si discrètes et si gaies, mais il semblerait que la clientèle ne fasse jamais défaut... Enfin, à chacun ses goûts, j'imagine! Enfin arrivé à bon port, je m'aperçois que la jeune chanteuse folk Marie-Flore a déjà commencé sa prestation, qui malheureusement ne comportera que six morceaux. J'avais déjà eu l'occasion de faire la connaissance (musicalement parlant) de cette charmante jeune femme française, mais qui chante en anglais, lors du concert des New Pornographers - concert de l'an dernier qu'elle eut l'honneur d'inaugurer. Comme déjà à l'époque, elle se produit toute seule sur scène, et joue sur sa jolie guitare rouge des chansons folk mélancholiques, particulièrement bien adaptées au triste temps qu'il fait dehors. Il est amusant de constater que la belle annoncera d'un ton laconique son dernier titre en affirmant qu'il s'agit là d'un morceau plein de joie. Suivra alors un morceau aussi triste que les précédents...

Koko Von Napoo, qui remplacèrent Marie aux Fleurs, avaient visiblement moins le cafard! La formation parisienne presque exclusivement féminine (un type à la guitare au milieu de trois filles) a un son très influencé par les années 80, comme si Blondie faisait un revival avec les Altered Images! Rien que la voix de la chanteuse, vêtue d'une mignonne robe jaune ceinturée de noir, vaut le détour; telle une gosse mal éduquée, elle interprète d'une manière infantile des titres qui ont clairement le potentiel pour devenir de vrais tubes. Et si le tout parait encore un peu amateur, ce qui n'est pas sans donner un certain charme, le talent pour la composition de chansons pop qui restent bien en tête, est déjà là.

Qu'en a pensé la très redoutée Faustine Kopjewski, de son état critique musical? La journaliste, qui écrit pour le magazine Magic et n'a pas hésité à publier des critiques assassines, notamment à l'égard de Joanna Newsom et Coco Rosie (réclamant même pour ces dernières la création d'une police musicale spéciale) a probablement été enthousiasmée! Rien d'étonnant quand on s'aperçoit que la blonde jeune femme à la plume vitriolée est assise avec Koko von Napoo... dérrière la batterie! Quand on la voit jouer ainsi, si concentrée sur son instrument, on a du mal à croire qu'elle puisse être si vindicative un stylo à la main! Marion, en charge du keyboard, avait également l'air très sympathique, bonne impression qui se confirma lorsqu'elle eut la gentillesse, après le concert d'aller chercher exprès pour moi, un exemplaire de leur jusqu'à maintenant seul et unique single "Jonbon" (un jeu de mot sur jambon)! En effet le stand de merchandising avait été déjà rangé et remplacé par les articles à la gloire de Monade.

Monade enfin, le groupe bordelais qui devait clore cette soirée! Que Laetitia Sadier (Stereolab) y joue le rôle principal a déjà été évoqué plus haut. Ce n'est pas une raison pour en oublier les autres membres de cette formation qui gagne à être connue. Ladies first oblige, om présentera donc pour commencer une autre demoiselle, qui chante également sur plusieurs morceaux et sinon joue de la basse, j'ai nommé Marie Merlet! Cette jolie blonde dispose d'une voix assez haut perchée, mais qui s'harmonise bien avec l'organe plus sensuel de Laetitia et qui offre ainsi des variations bienvenues. Nicolas Etienne, l'homme au keyboard, ne doit pas être oublié, puisqu'il participe à l'écriture des morceaux de Monade. On lui doit par exemple "Messe Joyeuse", qui fait aussi bien partie de la setlist de ce soir que du nouvel album "Monstre Cosmic". Le tout complété par le batteur David Loquier.

Les quatre musiciens débutèrent le set en français avec "Étoile",
un morceau plutôt lent, porté par une douce mélancholie et une légère note mystérieuse. Le texte y est intéressant, il s'agit d'une femme enfermée dans un service psychiatrique, à qui on a dit qu'un monstre sévissait en elle et qu'il fallait le chasser. Après une baignade dans la piscine de l'institution, la malade se demande sous la douche si finalement chacun de nous ne renfermerait pas un tel monstre, tissant sa toile au fond de notre âme. Ne voulant pas paraître négative, elle résout de s'en ouvrir d'abord à sa soeur, medecin respecté au sein de cet hôpital. "On ne doit pas choquer" telle est la conclusion de cette femme si elle ne veut pas rester enterrée dans ce "trou à rats", ainsi qu'elle l'appelle.

Un vrai réquisitoire contre les préjugés des gens à l'encontre des malades mentaux, où du moins considérés comme tels, qui s'adresse aussi bien aux institutions psychiatriques qu'à l'hypocrisie de la société qui prétend juger de ce qui est normal et de ce qui ne l'est pas. De la matière à penser ce soir, donc, mais malheureusement, la plupart des gens réunis au Divan du Monde, semble n'être venue que pour papoter. Confortablement installés aux tables
du milieu de la pièce, ils paraissent considérer le spectacle, aux rythmes par moment un peu "lounge", comme un fond musical agréable à leurs conversations, qui concernent tout, sauf la musique et les artistes sur scène! D'un air outré, mon ami Philippe tente de les rappeler, d'un "pssst" péremptoire, à l'ordre, mais peine perdue, rien ne les arrête!

C'est bien dommage, Laetitia et ses acolytes auraient mérité bien plus d'attentions que ça, car le morceau suivant aussi, "Regarde", dispose d'un texte subtil, dans lequel il est question de regarder quelqu'un dans les yeux, jusqu'au fond de son âme. On y retrouve encore un monstre ("le monstre que je suis") et l'éternelle thématique du (pré)jugement sur ce qui est bien et ce qui est mal, et sur l'hypocrisie parfois de la morale ("on croit savoir où est le mal").

Avec la chanson numéro 3 on changea de langue, pour une "Invitation" anglaise dont le commencement est merveilleux et plein de nostalgie. Subitement pourtant le rythme s'accélère et on pourrait presque ce mettre à danser! Ce que bien sûr personne ne fait, il faut dire que c'est difficile du fond de sa chaise! J'ai dû également m'asseoir, quasiment forcé, car debout devant je gênerais tout le monde -personne ne verrait plus rien, puisqu'ils sont tous assis!-
et je n'aime pas trop être sur les côtés trop près des baffles. Banni sur mon siége je profite de "Messe Joyeuse" et du jeu de voix des deux chanteuses qui s'alternent. Il y eut plus tard également des morceaux plus anciens, notamment de 2005 comme"A Few Steps More" par exemple, ou encore "Becoming" ainsi que "Wash And Dance", interprété en rappel. En tout, ils jouèrent une bonne heure et je dois dire que je suis assez convaincu par ce que j'ai entendu, des morceaux dans lesquels je vois un vrai potentiel. A la différence de Stereolab, Monade ne fait pas dans la musique rapidement consommable,avec profusion de tubes, mais plutôt de la musique "indé" dans le meilleur sens du mot, c'est à dire loin des tendances commerciales de l'industrie musicale . De la musique pour ceux qui, tels les amateurs de bon vin, apprécient les crus longs en bouche plutôt qu'une bouteille vite bue et vite oubliée!

Et c'est avec le sentiment satisfaisant d'avoir assister (et pris du plaisir) à un concert exigeant que je m'échappais dans la
froide nuit parisienne...


Setlist Monade, Le Divan Du Monde, Paris:

01: Etoile
02: Regarde
03: Invitation
04: Messe Joyeuse
05: Lost Language (pour Bertrand Burgalat)
06: Guimauve
07: Sensible Et Extensible
08: Becoming
09: Pas Toujours, Encore

10: Wash And Dance
11: Where Did I Go


Photos de Marie-Flore (1ère partie) ici
Photos de Koko Von Napoo (1ère partie) ici
Photos de Monade ici


Keine Kommentare: