Concert: Syd Matters
Lieu: Le Café de la danse, Paris
Date: 13.02.2008
Spectateurs: complet
"La pop française est comme le vin anglais - atroce!"
C'est à John Lennon que l'on devrait cette petite phrase assassine... Et pourtant, s'il revenait parmi nous, l'ex-Beatle serait probablement bien étonné: non pas que la qualité de la picrate britannique se soit notablement améliorée, mais en revanche la musique française n'est plus ce qu'elle était! Les héritiers de Serge Gainsbourg et de Françoise Hardy se sont plutôt bien débrouillés et la France s'est lentement mais sûrement transformée ces dernières années en un vivier particulièrement dynamique pour les jeunes talents musicaux de tous bords. Cela n'a pas échappé au magazine britannique NME qui a consacré l'année dernière un article détaillé à la jeune scène de rock garage parisienne, ceux que l'on appelle les Babyrockers en référence à leur âge encore tendre! Les anglais ont pu ainsi faire la découverte des Plastiscines, Shades, Parisians, Second Sex, etc. Et fin 2007, l'électrochoc: un groupe français, mais établi à Londres, The Teenagers, atterrit dans le top Five de l'année du NME avec leur single "Homecoming"! Rien ne va plus au royaume de Grande-Bretagne: après la cession à des investisseurs étrangers de grandes marques nationales comme Rover et Rolls-Royce, voilà que les "Frogs" envahissent leurs charts!
Mais ça ne bouge pas seulement sur la scène rock, la folk-pop n'est pas non plus en reste! Les lecteurs attentifs de ce blog se souviennent de Soko, Cocoon et autre The Rodeo (n'oublions pas Coming Soon!), mais au sommet de cette pyramide se trouve sans contestation Syd Matters. Qui sont-ce Syd Matters? Et d'où vient ce nom? - D'abord, Syd Matters est un groupe, il importe de le préciser, car trop souvent on a tendance à réduire Syd au chanteur à la merveilleuse voix douce et mélancolique, Jonathan Morali. En plus de sa personne on y trouve Rémi Alexandre (guitare, keyboard), Olivier Marguerit (guitare, keyboard, flûte traversière, percussions), Jean-Yves Lozach (basse) et Clément Carle (batterie). Et le nom de Syd Matters se réfère à l'une des importantes influences des parisiens, Syd Barrett, le fondateur de Pink Floyd décédé en 2006.
Avant Syd Matters c'est H-Burns qui inaugura la soirée. Si je n'avais pas été mieux informé, j'aurais pu prendre le chanteur, un gaillard, pour un américain. Il colle en effet à cette musique la poussière des déserts de l'Ouest et il ne ferait pas mauvaise impression en première partie de Calexico ou de Giant Sand! De plus il n'avait pas le moindre accent en anglais, une rareté parmi les petits français s'essayant à la langue de Shakespeare! Il est intéressant de constater qu'il était accompagné au piano par Jonathan Morali himself, et qu'ils ont joué ensemble une magnifique version de "City Talks" (un morceau issu du deuxième album de Syd Matters). Et en plus il a de l'humour, lui qui joua déjà en première partie de Okkervil River, Laura Veirs et Tara Jane O Neil; il s'attira les rires du public en annonçant que la chanson "When The Dawn Brakes" était sur Grenoble!
Et puis ce fut enfin le tour de Syd Matters! Un choeur angélique entonna sur un accompagnement à la guitare une courte et merveilleuse intro, "Got me a heartbeat detector", avant que Jonathan Morali ne joigne sa voix calme mais solide aux autres pour "Everything Else", premier titre du nouvel album. Les guitares et le choeur gagnent progressivement en intensité et en volume sonore, on se croirait presque dans une église, Jonathan officiant et les autres musiciens comme enfants de choeur! C'est d'une profonde beauté, et particulièrement émouvant. Et pourtant, il n'est pas facile de déclencher de l'émoi, comme en appuyant sur un bouton, mais c'est bien ce que Syd Matters semble réussir à faire en un temps record. Monsieur Morali rayonne un calme et une douceur incroyable, sa voix donne une sensation de sécurité et parait m'entourer d'un manteau protecteur. Rien ne semble pouvoir m'atteindre, les tracas du quotidien sont subitement bien loin..."Ca va?" demande le chanteur barbu, mais presque personne ne répond! Le public se tait et profite, se laisse porter par ce nuage de guitares mélancholiques et aériennes, se délecte du jeu de piano subtil et du choeur solennel. Les yeux de la jeune fille en face de moi étincellent dans une obscurité parfois telle, qu'il faut que les musiciens réclament un peu plus de lumière pour voir leurs instruments!
Un morceau superbe succède à l'autre, tous magnifiquement interprétés et je me demande quel titre je dois préférer: le classique "Someday Sometimes" ("I wish I could see you in the dark"), ou plutôt le petit nouveau "Cloudflakes" ( "I'm standing in the schoolyard, waiting for my teacher to come"). La question reste entière car chaque nouvelle chanson me paraît être la plus belle lovesong que l'on puisse imaginer. "Louise" par exemple est un tel chef d'oeuvre, que l'on voudrait en l'écoutant prendre son voisin dans les bras pour pleurer ensemble à chaudes larmes! "There are flowers in bloom around the appletree that I love the most", souffle poétiquement Jonathan et je suis à deux doigts de produire de l'eau salée!
Bien sûr, je pourrais maintenant écrire des pages et des pages sur chacun des morceaux, si brillants et si émouvants, sur l'immense talent des musiciens de ce groupe qui s'échangent leurs instruments, sur le jeu si sensible à la flûte d' Olivier Marguerit etc. mais quelque soit le mal que je pourrais me donner, je ne pense pas pouvoir rendre de manière adéquate l'atmosphère enchanteresse qui regnait ce soir au Café de la Danse!
Cette soirée offrait tout ce que l'on peut rêver d'un concert parfait: Amour, poésie, tendresse, beauté, émotion, solennité, passion, chaleur humaine, charme, mélancholie, espoir, humour, naturel...
Allez-y et voyez par vous-mêmes, la vie peut être belle!
Setlist Syd Matters, Café de la danse, Paris:
00: Intro Heartbeat Detector
01: Everything Else
02: It's A Nickname
03: Someday Sometimes
04: Cloudflakes
05: End & Start
06: I Was Asleep
07: Louise
08: My Lover's On The Pier
09: Ill Jackson
10: Stone Man
11: Anytime Now!
12: Middle Class Men
13: Heartbeat Detector
14: Me & My Horses
15: Big Moon
16: To All Of You
17: Obstacles
18: Bones
Durée du concert: 100 minutes
Photos de Syd Matters ici
Lieu: Le Café de la danse, Paris
Date: 13.02.2008
Spectateurs: complet
"La pop française est comme le vin anglais - atroce!"
C'est à John Lennon que l'on devrait cette petite phrase assassine... Et pourtant, s'il revenait parmi nous, l'ex-Beatle serait probablement bien étonné: non pas que la qualité de la picrate britannique se soit notablement améliorée, mais en revanche la musique française n'est plus ce qu'elle était! Les héritiers de Serge Gainsbourg et de Françoise Hardy se sont plutôt bien débrouillés et la France s'est lentement mais sûrement transformée ces dernières années en un vivier particulièrement dynamique pour les jeunes talents musicaux de tous bords. Cela n'a pas échappé au magazine britannique NME qui a consacré l'année dernière un article détaillé à la jeune scène de rock garage parisienne, ceux que l'on appelle les Babyrockers en référence à leur âge encore tendre! Les anglais ont pu ainsi faire la découverte des Plastiscines, Shades, Parisians, Second Sex, etc. Et fin 2007, l'électrochoc: un groupe français, mais établi à Londres, The Teenagers, atterrit dans le top Five de l'année du NME avec leur single "Homecoming"! Rien ne va plus au royaume de Grande-Bretagne: après la cession à des investisseurs étrangers de grandes marques nationales comme Rover et Rolls-Royce, voilà que les "Frogs" envahissent leurs charts!
Mais ça ne bouge pas seulement sur la scène rock, la folk-pop n'est pas non plus en reste! Les lecteurs attentifs de ce blog se souviennent de Soko, Cocoon et autre The Rodeo (n'oublions pas Coming Soon!), mais au sommet de cette pyramide se trouve sans contestation Syd Matters. Qui sont-ce Syd Matters? Et d'où vient ce nom? - D'abord, Syd Matters est un groupe, il importe de le préciser, car trop souvent on a tendance à réduire Syd au chanteur à la merveilleuse voix douce et mélancolique, Jonathan Morali. En plus de sa personne on y trouve Rémi Alexandre (guitare, keyboard), Olivier Marguerit (guitare, keyboard, flûte traversière, percussions), Jean-Yves Lozach (basse) et Clément Carle (batterie). Et le nom de Syd Matters se réfère à l'une des importantes influences des parisiens, Syd Barrett, le fondateur de Pink Floyd décédé en 2006.
Avant Syd Matters c'est H-Burns qui inaugura la soirée. Si je n'avais pas été mieux informé, j'aurais pu prendre le chanteur, un gaillard, pour un américain. Il colle en effet à cette musique la poussière des déserts de l'Ouest et il ne ferait pas mauvaise impression en première partie de Calexico ou de Giant Sand! De plus il n'avait pas le moindre accent en anglais, une rareté parmi les petits français s'essayant à la langue de Shakespeare! Il est intéressant de constater qu'il était accompagné au piano par Jonathan Morali himself, et qu'ils ont joué ensemble une magnifique version de "City Talks" (un morceau issu du deuxième album de Syd Matters). Et en plus il a de l'humour, lui qui joua déjà en première partie de Okkervil River, Laura Veirs et Tara Jane O Neil; il s'attira les rires du public en annonçant que la chanson "When The Dawn Brakes" était sur Grenoble!
Et puis ce fut enfin le tour de Syd Matters! Un choeur angélique entonna sur un accompagnement à la guitare une courte et merveilleuse intro, "Got me a heartbeat detector", avant que Jonathan Morali ne joigne sa voix calme mais solide aux autres pour "Everything Else", premier titre du nouvel album. Les guitares et le choeur gagnent progressivement en intensité et en volume sonore, on se croirait presque dans une église, Jonathan officiant et les autres musiciens comme enfants de choeur! C'est d'une profonde beauté, et particulièrement émouvant. Et pourtant, il n'est pas facile de déclencher de l'émoi, comme en appuyant sur un bouton, mais c'est bien ce que Syd Matters semble réussir à faire en un temps record. Monsieur Morali rayonne un calme et une douceur incroyable, sa voix donne une sensation de sécurité et parait m'entourer d'un manteau protecteur. Rien ne semble pouvoir m'atteindre, les tracas du quotidien sont subitement bien loin..."Ca va?" demande le chanteur barbu, mais presque personne ne répond! Le public se tait et profite, se laisse porter par ce nuage de guitares mélancholiques et aériennes, se délecte du jeu de piano subtil et du choeur solennel. Les yeux de la jeune fille en face de moi étincellent dans une obscurité parfois telle, qu'il faut que les musiciens réclament un peu plus de lumière pour voir leurs instruments!
Un morceau superbe succède à l'autre, tous magnifiquement interprétés et je me demande quel titre je dois préférer: le classique "Someday Sometimes" ("I wish I could see you in the dark"), ou plutôt le petit nouveau "Cloudflakes" ( "I'm standing in the schoolyard, waiting for my teacher to come"). La question reste entière car chaque nouvelle chanson me paraît être la plus belle lovesong que l'on puisse imaginer. "Louise" par exemple est un tel chef d'oeuvre, que l'on voudrait en l'écoutant prendre son voisin dans les bras pour pleurer ensemble à chaudes larmes! "There are flowers in bloom around the appletree that I love the most", souffle poétiquement Jonathan et je suis à deux doigts de produire de l'eau salée!
Bien sûr, je pourrais maintenant écrire des pages et des pages sur chacun des morceaux, si brillants et si émouvants, sur l'immense talent des musiciens de ce groupe qui s'échangent leurs instruments, sur le jeu si sensible à la flûte d' Olivier Marguerit etc. mais quelque soit le mal que je pourrais me donner, je ne pense pas pouvoir rendre de manière adéquate l'atmosphère enchanteresse qui regnait ce soir au Café de la Danse!
Cette soirée offrait tout ce que l'on peut rêver d'un concert parfait: Amour, poésie, tendresse, beauté, émotion, solennité, passion, chaleur humaine, charme, mélancholie, espoir, humour, naturel...
Allez-y et voyez par vous-mêmes, la vie peut être belle!
Setlist Syd Matters, Café de la danse, Paris:
00: Intro Heartbeat Detector
01: Everything Else
02: It's A Nickname
03: Someday Sometimes
04: Cloudflakes
05: End & Start
06: I Was Asleep
07: Louise
08: My Lover's On The Pier
09: Ill Jackson
10: Stone Man
11: Anytime Now!
12: Middle Class Men
13: Heartbeat Detector
14: Me & My Horses
15: Big Moon
16: To All Of You
17: Obstacles
18: Bones
Durée du concert: 100 minutes
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